Grande exposition itinérante « Marque ou crève »
Découvrir un reportage exclusif de Roger Job, reporter, qui a reçu le prestigieux NIKON PRESS PHOTO AWARD (NPPA) 2012 Catégorie Stories. Quarante-huit photos inédites.
Thème de l’expo « Marque ou crève ! »
Ils viennent de Côte d’Ivoire, du Cameroun, de Guinée, du Mali, du Nigeria ou d’autres terres sacrées du football africain. Jeunes, seuls, sans le sou et souvent sans papiers, ils vivent d’espoir, de débrouille et de solidarité. Victimes de maquignons déguisés en agents, parfois de véritables trafiquants d’êtres humains, mais le plus souvent piégés par le mirage d’une carrière professionnelle au plus haut niveau en Europe, ces damnés du foot sont dans l’attente interminable d’une vie meilleure.
Lancés à la poursuite de leur rêve en trompe-l’œil, ils prennent tous les risques pour rejoindre ce qu’ils croient être l’Eldorado du ballon rond. Derrière eux, ils laissent l’Afrique indigente qu’ils s’efforcent de fuir, ainsi que des familles abusées et écrasées par le poids de la dette contractée en échange de leur voyage sans retour. Ils se voient marcher sur les traces des Didier Drogba, Samuel Eto’o, Yaya Touré, entre autres dieux du stade africains, adulés par des millions de gamins des cités à travers le continent noir. Beaucoup atterrissent dans des petits clubs de seconde zone. Leur vulnérabilité nourrit leur exploitation. Quantité d’autres échouent sur les terrains vagues où aboutissent tous les recalés de la planète foot.
En compagnie du journaliste Frédéric Loore, le photoreporter Roger Job est parti à leur rencontre, en Belgique d’abord, en Côte d’Ivoire et en Thaïlande ensuite. Son reportage saisissant a été récompensé par le prestigieux Nikon Press Photo Award 2012 dans la catégorie « Stories ».
48 photographies extraites de ce travail de longue haleine, réalisé entre 2011 et 2014, seront mises à l’honneur dans le cadre de la grande exposition « Marque ou crève ! ». Scénographiée par Antonio Nardone, cette exposition exceptionnelle se tiendra dans différentes villes de Belgique.
Edition du livre « Marque ou crève » aux éditions Avant-Propos
Parallèlement à l’exposition, un livre co-signé par Frédéric Loore et Roger Job paraîtra aux Editions Avant-Propos. La préface est signée par Serge Trimpont, ancien agent de joueurs, dont la vie a inspiré le rôle joué par Benoît Poelvoorde dans le film « Les Rayures du Zèbre ».
Le livre rassemblera les textes et les photos des deux auteurs également sous le titre « Marque ou crève ». L’ouvrage retracera les trois années d’enquête consacrées à la problématique des « damnés du foot africain » par le journaliste et le photographe de Paris Match. Il servira accessoirement de catalogue de prestige à l’exposition.
Outre le prix photo remporté par Roger Job, Frédéric Loore s’est quant à lui vu décerner le prix de journalisme 2013 du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour ce travail journalistique unanimement salué par la profession.
La sortie du livre s’annonce comme un événement éditorial et médiatique que ne manqueront pas de saluer les titres du groupe IPM (Paris Match, La Libre Belgique, La Dernière-Heure, DH Radio), mais également de nombreux confrères de nos deux reporters avec lesquels ils ont déjà pris date pour évoquer la parution de « Marque ou crève » en télévision, en radio ainsi que dans la presse en marge de l’événement footballistique planétaire.
Portrait de Roger Job
Roger JOB est photoreporter international. Ses reportages sont publiés en Belgique et à l’étranger : Paris-Match, Elle, Newsweek, The Independant on Sunday, Geo, Le Monde 2, La Repubblica, National Geographic…
Ses photographies ont été diffusées par l’agence Gamma jusqu’en 2004 et le sont aujourd’hui par l’agence Reporters.
Son itinéraire photographique l’a mené aux côtés des victimes de catastrophes et de guerres. Prix Reporters sans frontières Belgique en 1992 pour un reportage sur l’exode des réfugiés mozambicains en Afrique du Sud, il a obtenu en 1999 le prix de la Fondation SPES pour son travail sur « Les derniers Peuples pasteurs de l’humanité ». Il est également lauréat des prestigieux Nikon Press Photo Award 2009 et Days Japan International Photojournalism Award 2009 pour sa série sur les pasteurs nomades Turkanas du Kenya.
Roger Job a publié « Lettres sans frontières » (Complexe, 1994), « Congo 2000 » (Luc Pire, 2000), « Des Hommes et des Chevaux » (Luc Pire, 2004) et « Turkana. Les derniers premiers hommes » (Aplanos, 2010). Ses images ont été montrées à Bruxelles, Paris, Hong-Kong, Amsterdam (Expo Populations en Danger 1998), à New York (Expo Congo 2000 au Conseil de Sécurité des Nations Unies), à Perpignan (sélection à Visa pour l’Image 2004), et à Stavelot (Expo Des Hommes et des Chevaux (2006).
Portrait de Frédéric Loore
Frédéric Loore est journaliste indépendant et collaborateur régulier de Paris Match où il est en charge des grands reportages et des enquêtes. Ses articles ont été publiés dans de nombreux journaux et magazines belges (Le Soir, La Libre Belgique, Le Matin, De Morgen, Humo,…) et étrangers (Marianne, Science&Vie, VSD, Le Parisien, Le Devoir, La Liberté,…).
Formateur en journalisme d’investigation à Ihecs Academy, il est triple lauréat (2010-2011-2012) d’une bourse décernée par le Fonds pour le journalisme en Belgique francophone destinée à soutenir son travail d’enquête sur différentes thématiques liées au phénomène du trafic et de la traite des êtres humains.
Co-auteur de « Uranium appauvri. La guerre invisible » (Robert Laffont, 2001) et de « Belgique en sous-sol. Immigration, traite et crime organisé » (Racine, 2007), il a obtenu le prix international de journalisme Lorenzo Natali 2011, décerné par la Commission européenne pour son enquête sur le trafic d’enfants entre la Roumanie et la Belgique.
Frédéric Loore a également été nommés pour les prix de journalisme Belfius 2004, du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2010, le Daniel Pearl Award for Outstanding International Investigative Reporting 2011 et l’Immigration Journalism Award 2012 & 2013 de la French-American Foundation.
Football Against Trafficking
Ne pas briser le rêve, éviter le cauchemar.
On ne guérit pas d’un rêve. Il n’y a pas de remède à l’espoir. Dans une Afrique où la corruption endémique, la déshérence économique et l’instabilité politique vouent l’immense majorité de la population à pratiquer mille petits métiers pour s’en sortir au jour le jour, on ne peut décemment pas demander aux jeunes joueurs de faire leur deuil d’une carrière de footballeur professionnel à l’étranger. Il faut d’ailleurs être un parfait nigaud pour croire qu’ils vont remiser ce rêve au placard de leurs illusions perdues, tandis que même les diplômes ont cessé d’être des garanties d’avenir et que des familles entières investissent tout ce qu’elles n’ont pas dans cette ambition.
Sans doute faut-il lutter activement contre ceux qui, à tous les niveaux, ici et là-bas, exploitent et tirent profit de cet espoir colossal auquel se raccroche tout un continent. Mais la seule action un tant soit peu concrète et efficace à mener sur le terrain, c’est celle qui vise à les accompagner dans leur désir inextinguible de revêtir les maillots des équipes et des stars qui habitent leurs jours et leurs nuits. Si ce n’est pour leur épargner une expédition infructueuse qu’ils tenteront de toute manière, au moins pour leur permettre d’éviter les pièges tendus sur leur route.
C’est précisément ce que fait Samilia (*). Cette Fondation belge, reconnue d’utilité publique, est active sur le terrain de la lutte contre la traite des êtres humains. Depuis 2013, elle mène une campagne de prévention en Afrique de l’Ouest, plus précisément en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Sénégal. L’équipe de Samilia intervient directement sur le terrain, dans les centres de formation, en collaboration avec les fédérations nationales de football et les ministères des Sports des pays partenaires.
Faire en sorte que le rêve ne vire pas au cauchemar. L’objectif barre le fronton du projet Samilia. La Fondation informe, met en garde et déniaise les petits footballeurs prêts à tout pour tenter la grande aventure européenne. Comment reconnaître un bon agent d’un faux ? Quelles démarches administratives suivre lorsqu’une opportunité se présente ? Comment réagir si les tests échouent en Europe ? Comment signer un contrat dans les meilleures conditions ? Que faire si l’on se retrouve en situation illégale et de vulnérabilité ? Autant de questions que ne se posent pas les gosses des cités africaines et auxquelles ils n’ont en tout cas pas de réponses.
Leur fournir ces réponses, c’est contribuer quelque peu à combler la brèche de l’ignorance dans laquelle s’engouffrent tous les marchands d’espoir.
(*) www.samilia.org